Le financement des productions audiovisuelles est à la base de toute création cinématographique. Un bon film ne verra jamais le jour sans un financement suffisant en amont. Si on connaît bien les acteurs, les réalisateurs, les films cultes, on a moins conscience des enjeux financiers et économiques qui se cachent derrière les sorties cinéma. C’est au producteur (ou à la maison de production) que revient la responsabilité de rassembler les fonds pour que l’œuvre soit réalisée.

Comment sont utilisés les fonds lors de la production d’un film ?

Comme tout produit, l’œuvre audiovisuelle, avant d’être rentabilisée, nécessite un investissement. Et ce n’est pas seulement la qualité artistique intrinsèque du film en devenir qui lui garantira un succès auprès des investisseurs potentiels. La diversité des sources de dépenses inhérentes à la création d’un film en fait une œuvre parfois fort coûteuse.

Premièrement le récit du film et sa rédaction, en ce qu’ils sont une production intellectuelle et artistique, impliquent déjà une dépense qui s’illustre par la rémunération du ou des scénaristes. C’est le producteur qui devra alors chercher les financements permettant de mener à bien cette étape du film. Notons que les investisseurs attendent un retour sur investissement.

Le scénario est ensuite adapté dans son format pour devenir une trame à suivre pour le réalisateur. Les scènes sont séparées, numérotées et des indications telles que des mouvements de caméra spécifiques sont proposés. Cette version finale du scénario permettra de réaliser le storyboard.

Les producteurs et productrices vont alors entrer en relation avec des agents. Ces derniers se rémunèrent à la commission comme l’illustre la série France 2, Dix pour cent. Ils ont tout intérêt à regrouper sur un même projet leurs talents que sont les acteurs, les producteurs, les scénaristes, les réalisateurs etc … On parle alors de packaging.

Arrivent ensuite les phases de préproduction, de réalisation et de montage. Le matériel, les décors et le personnel de réalisation engendrent une part importante des coûts. Un dépassement du calendrier ne manquera pas de faire exploser le budget.

financement de film

On va ensuite chercher à vendre le film aux distributeurs à l’échelle nationale et internationale. Ceux-ci peuvent être indépendants, affiliés à une major ou encore rattachés à une chaîne de télévision. Il faudra alors communiquer au mieux sur le film pour maximiser le nombre d’entrées en salle ou la vente de DVD et VOD.

Les recettes d’un film sont étalées dans le temps. Il sort d’abord en salle avant et les droits sont vendus à l’international pays par pays. Par la suite il sort en DVD et VOD quelques mois plus tard. Généralement, il sera diffusé sur une chaîne de télévision payante avant de l’être sur une chaîne gratuite.

Les investisseurs peuvent être divers. Dans le cas où elle en a les moyens, les boîtes de production peuvent elles-mêmes financer le film ou la série. C’est le cas de Netflix par exemple qui propose de nombreuses productions originales dans une large variété de langues et de pays.

De même, les chaînes de télévision ont l’obligation d’investir une partie de leurs chiffre d’affaires dans la production de programmes audiovisuels.

On peut aussi faire appel à des particuliers ou des entreprises qui souhaitent réaliser des bénéfices via cet investissement. Les Sofica (Sociétés pour le financement de l’industrie cinématographique et audiovisuelle) collectent des fonds auprès des particuliers. Sous certaines conditions, les investissements peuvent être défiscalisés.

Dans le cas des entreprises, celles-ci peuvent aussi trouver un intérêt pour leur image de marque à être associées à une œuvre audiovisuelle.

Certains concours récompensent leurs gagnants par des prix financiers ou des aides. Cela permet à des projets, menés généralement par de jeunes cinéastes, de voir le jour.

Certaines banques se sont spécialisées sur la question. Pour encourager la création, elles proposent des prêts de production cinématographique. L’Ifcic, Institut Français pour le Financement du Cinéma et des Industries Culturelles, facilite l’accès aux crédits bancaires des entreprises des secteurs culturels.

En France, il est aussi possible de faire appel à des aides publiques. Les régions auront tout intérêt à financer des œuvres qui mettent en avant leurs territoires. D’une part, le film en fera la promotion et d’autre part, la réalisation du film créera de l’activité à l’échelle locale.

Si les régions sont bien connues pour apporter leur soutien aux œuvres locales, l’Etat peut aussi financer des films ou des séries pour soutenir la production cinématographique nationale. Le CNC, Centre National du Cinéma et de l’image animée, placé sous la tutelle du ministre chargé de la culture, accorde des bourses aux cinéastes en mal d’investisseurs. Cela permet aux scénaristes et réalisateurs d’être moins soumis à la pression du nombre d’entrées en salle que fera le film pour être rentable.

Le placement de produit est aussi une option à envisager. Si cette pratique a longtemps été critiquée, elle commence à entrer dans les mœurs de la nouvelle génération. Un tel partenariat avec une marque peut être fortement rémunérateur. Sur le plan artistique, la présence d’un produit du quotidien dont la marque ne serait pas dissimulée peut par ailleurs apporter plus de réalisme à une scène.

On peut aussi faire appel au crowdfunding. Cette solution de financement fonctionne sur le modèle de la récompense sans avoir recours à un modèle actionnarial. En fonction de la somme investie dans l’œuvre, le porteur de projet cinématographique récompense l’investisseur en lui offrant à posteriori un DVD, des goodies, un rendez-vous avec un acteur ou le réalisateur du film, etc … Cela permet de créer une communauté autour du film ou de la série avant même sa sortie.

Et dans les faits ?

Les sources de financement d’un film ou d’une série sont variées. Le financement d’un projet est généralement hybride. Si les films à gros budget peuvent se satisfaire du modèle classique de financement traditionnel, les plus petites productions ont aussi accès à des modèles de financement plus innovants ou collaboratifs.

Le modèle de financement dépend du genre de l’œuvre ainsi que de sa cible. Un court métrage documentaire en langue régionale n’aura pas le même modèle de financement qu’un film de Luc Besson au casting international.

En France, l’investissement dans la culture et les productions cinématographiques de la part des pouvoirs publics est généralement reconnu comme plutôt conséquent. L’attachement à la culture et au cinéma de la part des français permet de faire émerger une grande diversité d’œuvres tout en étant un marqueur économique fort.